MICKEY AND NICKY
d’Elaine May
collège & lycée
Etats-Unis . 1976 (copie neuve 2007). 1h59 . couleur . VOSTF
avec John Cassavetes, Peter Falk, Ned Beatty, William Hickey
Nicky apprend que la mafia a mis sa tête à prix après avoir volé le parrain. Il appelle Mickey qui comme toujours vient le tirer d’affaires. Mickey l’aide à surmonter sa paranoïa et son angoisse. Il réussit à le sortir de l’hôtel où il se terre et propose un plan pour s’enfuir. Mais Nicky n’arrête pas de changer d’avis et maintenant un tueur est à leurs trousses. Alors qu’ils doivent sauver leur peau, les deux amis s’interrogent sur la trahison, le regret et le sens de leur amitié.
© Carlotta Films
Elaine May, méconnue de ce côté de l’Atlantique est une célébrissime metteuse en scène de théâtre à New-York, mais elle est aussi réalisatrice. Alors on comprend pourquoi son film a à voir avec le théâtre moderne américain. Et si ici il s’agit d’un film noir, on est plutôt dans une recherche esthétique à la John Cassavetes (grand réalisateur de la Nouvelle Vague américaine des années 60, qui joue dans le film). C’est à dire qu’au-delà de l’action c’est le sens qui prime.
Ainsi Cassavetes et Peter Falk (l’interprête de Columbo) incarnent des gangsters d’un genre particulier. Le premier campe un truand immature et compulsif, traqué par un gang qu’il a trahi, le second tente, une nuit durant, à travers ruelles et garnis de new-yorkais, de l’aider. Dérive urbaine et face-à-face anthologique, chemin de croix absurde marqué de rencontres où le dérisoire le dispute à la cruauté : le cinéaste et ses deux acteurs s’y entendent à faire surgir comme au coin d’une rue sombre les ruptures de ton et les embardés de comportement. Cette « mise en danger » du spectateur par les obsessions et les phobies de Mikey et les solutions pas forcément géniales de Nicky redouble le péril encouru par les personnages dans la fiction. Elle engendre un malaise qui explose en gag ou en violence sans s’y abolir. Au-delà de la performance et du sens des ambiances, c’est ce jeu à somme incalculable entre les personnages, la mise en scène et le spectateur qui fait la puissance perturbante du film.