LA FERME DES ANIMAUX
De John Halas et Joy Batchelor
à partir de 7 ans, collège et lycée
Grande Bretagne . 1954 . 1h13
adaptation du roman satirique, La Ferme des animaux (1945) de George Orwell.
Les animaux d’une ferme sont opprimés par un fermier brutal et stupide (le tsar Nicolas II), lorsqu’un vieux cochon, Sage l’Ancien — métaphore pour Karl Marx ou Lénine —, leur fait prendre conscience de leur aliénation. Ils se rebellent alors, chassent le fermier et créent une société égalitaire, gouvernée par les plus malins d’entre eux, les cochons. À leur tête, Boule de Neige (Trotsky) et Napoléon (Staline) édictent de nouvelles lois peintes sur les murs de la grange, en particulier ce commandement révolutionnaire : « Tous les animaux sont égaux ». Les premiers résultats sont encourageants, avec de bonnes récoltes et un projet de construction de moulins à vent pour générer de l’électricité. Mais Napoléon évince bientôt Boule de Neige et s’empare du pouvoir. Les cochons — seuls animaux parlant — bénéficient d’un régime de faveur et portent des costumes, tandis que les tentatives de résistance sont aussitôt réprimées. Par exemple, dans une scène mémorable qui ne manque pas d’évoquer les purges staliniennes, les poulets sont contraints d’avouer leurs crimes, puis exécutés. La ferme est désormais entourée de fils de fer barbelés et une véritable dictature se met en place. Il est clair que les fomenteurs de la révolution ont trahi leurs idéaux : on ne les distingue plus des tyrans qu’ils ont renversés. Une nouvelle inscription apparaît sur le mur : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ». La révolte gronde et gagne les fermes voisines...
Une belle façon d’introduire un sujet aussi fastidieux que la politique. Et le message passe d’autant mieux que l’animation s’avère être brillante, la mise en scène ingénieuse et le scénario audacieux. Ce récit, fidèlement adapté du roman original de George Orwell (à l’exception du final), reste d’une modernité évidente, et la force du propos le fait même accéder à l’universalité. La Ferme des Animaux fait partie de ces films qu’on n’oublie pas, et qui restent longtemps en mémoire.