Choisir un thème différent pour chaque édition est parfois perçu comme une gageure, un exercice difficile pour rendre lisible le festival, d’aucuns argumentent sur la fragilité d’une ligne éditoriale à remettre en jeu tous les ans. Et de fait il nous faut tous les ans reprendre l’ouvrage sur ses fonds baptismaux, d’une édition à l’autre en tournant la page, convoquer la page blanche. Non seulement écrire une programmation mais de nouveau inventer son cadre.
En route vers le monde est un laboratoire, instable, en mouvement.
C’est de cette instabilité, cette fragilité, que le festival tire sa vigueur, sa vitalité.
Un choix pour être toujours à la verticalité de ce que le cinéma peut donner à voir et à penser sur le monde contemporain.
Pour cette 7ème édition le festival parcourt le département, et décentralise des séances, comme tous les ans à Aubigny, aux Clouzeaux, et pour la première fois à Aizenay et St Hermine.
La Vie ne me fait pas peur (de Noémie Lvovsky)
Un titre comme une promesse.
Nombreux sont les films de cette programmation dont l’écho du titre pourrait nous revenir scandé : La vie ne me fait pas peur !
Des films pour se donner du courage, pour mieux désigner l’origine de nos peurs plutôt que de leurs tourner le dos, admettre le doute, retrouver sur l’écran toute la fragilité de nos certitudes, les paradoxes de nos croyances, et peut-être les conjurer, tout au moins mieux vivre avec.
Parmi les sujets régulièrement abordés dans le quotidien de tous nos médias, il est un questionnement qui demande en l’énonçant à repenser toute l’architecture sociale et philosophique de la modernité, c’est la place des femmes dans nos sociétés.
Pour tendre la toile de ce sujet dans toute sa complexité, la programmation déclinera femmes, féminin, féminité, féminisme, avec toujours le même dénominateur commun, Cinéma.
Les programmateurs que nous sommes, s’engagent à ne pas avoir peur de tout vous montrer.
Dernier Maquis (de R.Ameur-Zaïmeche)
En mars 2006 la ville de La Roche sur Yon, les communes d’Aubigny et des Clouzeaux ont créé l’EPCCCY, structure qui programme et met en œuvre le festival En route vers le monde, et depuis avril 2008 le cinéma Concorde.
Ce lieu comme tous les lieux de diffusion appartient au public et aux artistes.
Pour cette 7ème édition, et dans l’actualité de l’ouverture du cinéma Concorde, je veux souligner spécialement le travail remarquable de l’équipe qui articule depuis des mois la programmation et la gestion du Concorde en même temps que la préparation du festival.
Rendre hommage aux salariés et stagiaires qui sont passés entre nos murs, au sérieux de leur travail, et aux motivations qui les animent par beau temps comme dans la tempête.
La liste des films qui ne passeraient nulle part en Vendée s’ils n’étaient pas programmés au Concorde est longue, c’est la vocation première de notre structure d’oser la diversité culturelle.
L’état prend actuellement beaucoup de mesures dans la plus grande confusion pour réorganiser la culture, réinventer la démocratisation culturelle. Ce pourrait être une bonne idée de repenser les systèmes de transmission, les circuits de diffusion. Nous devrions toujours nous interroger sur la pertinence de ce qui est fait, rien n’est immuable.
Mais si la réflexion (quand il y a réflexion) n’est que comptable et aboutit à fermer des lieux, à raréfier les possibilités de diffusion et de rencontre entre les œuvres et les publics, c’est que la piste est mauvaise. Je m’étonne d’ailleurs que la piste actuelle des coupes budgétaires massives se fasse sans aucune concertation avec les professionnels et les artistes, qui de fait sont des gens favorables au changement, à la modernité.
Il faut ouvrir plutôt que fermer des lieux de diffusion, des festivals, et il faut encourager les professionnels convaincus.
La culture, c’est sans doute un des derniers refuges où il est possible de s’affranchir des règles pour mieux les comprendre dans le plus grand respect des autres. Il serait plus sage de financer la révolution numérique et les vidéo-projections dans des salle de cinéma pour donner à penser le monde, plutôt qu’un dispositif de vidéo protection pour ficher le monde, combien même celui-ci serait au féminin Edvige Big Sister.
L’art, ce pourrait être le Dernier Maquis.
Yannick Reix
Délégué général du festival En route vers le monde
Directeur du cinéma le Concorde