Six films sur l’adolescence. Comme les faces d’un dé qui relance la chance et le vertige pubertaire. Six films qui prennent l’adolescence à bras le corps, avec l’intensité des premières fois, heureuses ou désastreuses. Six rencontres avec ces figures mutantes qui déjouent le monde en tentant d’affirmer : « ceci est mon corps ». Car l’adolescent incarne une métamorphose à la première personne qui ouvre le champ à une série d’expérimentations, glorieuses ou destructrices. En déjouant le monde, l’adolescent redéfinit une manière de s’inscrire dans un cadre (social, politique, cinématographique) en le débordant ou en le minant de l’intérieur. L’énergie inconstante de l’adolescent innerve le cadre autant que le scénario, et autant dans la faiblesse que dans l’excès. Et c’est précisément parce que cette énergie ne s’exprime pas sous la forme d’un pur discours, qu’elle devient une manifestation hautement cinématographique. Il ne s’agit donc pas ici de montrer le « propre de l’ado » à travers des figures larvaires ou toutes-puissantes, mais de manifester la puissance d’affirmation ou de négation d’un corps décalé dans un espace cadré (famille, école, ville, etc.). Car l’adolescent va traverser et transformer cet espace-temps qui lui préexiste, le décomposer et le trouer pour y trouver une place. Parfois en le détruisant, parfois en se détruisant. Parfois en acceptant, finalement, de jouer le jeu du monde.
Plus largement, l’enjeu critique de cette programmation réside dans la présentation de films qui proposent une alternative radicale de la figure adolescente par rapport au modèle dominant de l’entertainment américain. Ils décrivent, en mode mineur et chacun à leur manière, la position adolescente confrontée à une domination culturelle et politique qui cherche à typer, à délimiter, à enfermer l’ado dans un rôle mondialement identifiable.
Provenant de pays et de réalisateurs très dissemblables, les six faces de cette programmation se ressemblent au moins en un point : aucune n’est tout à fait lisse, aucune n’est tout à fait correcte. Six films incorrects donc, déjouant à leur manière le jeu bien réglé du Teen movie, pour serrer au plus près la singulière incorrigibilité de l’expérience adolescente.
Zarlab
à l’université de la Courtaisière
de Maurice Pialat
de Lukas Moodysson
de Todd Solondz
d’Elem Klimov
de Richard Kelly
de Royston Tan