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Betrand Bonello

La maison cinéma et le monde

Les spectateurs du festival se souviennent avec quelle générosité Bertrand Bonello se prêta, il y a six ans, au jeu de découvrir puis de commenter, à chaud, Mary d’Abel Ferrara. C’est avec la même disponibilité qu’il a répondu à notre invitation de composer une programmation d’une dizaine de films dont L’Apollonide porte le souvenir, direct ou indirect. Aussi a-t-il souhaité que cette sélection soit sous-titrée « Souvenirs d’autres films », de même que ce film superbe est sous-titré Souvenirs de la maison close.

 
B.B. a acquis en quinze ans un statut unique dans le cinéma français, à la fois au centre et dans la marge – un non-statut, pourrait-on dire. Au centre : deux de ses films, Tiresia en 2003 et L’Apollonide cette année, ont été sélectionnés en compétition à Cannes ; un troisième, De la guerre, a été montré il y a trois ans à la Quinzaine des Réalisateurs. Dans la marge : il continue d’alterner longs et courts-métrages, a mis en scène Asia Argento et Cindy Sherman, mais aussi Pier Paolo Pasolini et Ingrid Caven dans deux raretés, Qui je suis (1996) et Ingrid Caven, musique et voix (2006), qu’il a accepté de venir présenter. à la fois cinéaste et musicien, il a signé des disques pouvant accompagner des films – comme Brian Eno, un de ses maîtres –, réalisé un film qui n’est qu’écoute musicale (My New Picture, 2006). Il a encore un pied en France et l’autre au Québec, où il a tourné son beau premier film, Quelque chose d’organique (1998) et passe une partie de son temps. Cette position, centrée et décentrée, dedans-dehors, est également le sujet de tous ses films. Comment être radical sans être limité ? Comment être disponible sans être dispersé ? Quelque chose d’organique se demande si un couple peut exister seul, s’il peut exister au milieu des autres sans être dévoré. De la guerre s’ouvre dans un cercueil avant d’élire résidence dans un château à l’écart de tout puis de s’achever sur un banc, au grand air estival. à cheval sur le XIXe et sur le XXe siècle, L’Apollonide se déroule dans un bordel certes sélect, mais dans lequel tout le cinéma français, de Jacques Nolot à Noémie Lvovsky, de Pascale Ferran à Xavier Beauvois, semble pouvoir entrer comme dans un moulin. De quelle ouverture le cinéma est-il encore capable ? à quelle clôture doit-il se résoudre pour se refaire une puissance ? On sait que La Maison cinéma et le monde est le titre qu’ont choisi les éditions POL pour l’ensemble des écrits de Serge Daney. L’appellation siérait à Bonello, aujourd’hui plus que jamais, tant il est vrai qu’il a trouvé avec ce dernier film, la respiration, à la fois exigeante et disponible, qu’il n’a cessé de chercher. Nous sommes d’autant plus heureux de l’accueillir que le festival ne se rêve pas autrement.
 

EB

L’APOLLONIDE, SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE

INGRID CAVEN, MUSIQUE ET VOIX

QUI JE SUIS, D’APRèS PIER PAOLO PASOLINI

BOULEVAR D DE LA MORT : UN FILM GRINDHOUSE

La Mort de Maria Malibran

LES FLEURS DE SHANGHAI

FAUBOURG SAINT-MARTIN

L’HOMME QUI RIT

LOLA UNE FEMME ALLEMANDE

La Paloma (Le Temps D’Un Regard)

LA RUE DE LA HONTE

L’INCONNU