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Michel Hazanavicius

En terrain ami

La sortie de The Artist le 12 octobre peut-elle être vue comme une avant-première à la programmation de comédies élaborée par Michel Hazanavicius ? La synchronie est, en tout cas, heureuse : c’est probablement dans ce dernier film que le cinéaste livre sa déclaration la plus explicite au cinéma. The Artist conte la romance longtemps contrariée entre le muet (George Valentin / Jean Dujardin) et le parlant (Peppy Miller / Bérénice Bejo). Ce premier récit est bien entendu doublé, comme dans Chantons sous la pluie dont il s’inspire, d’un dialogue entre les cinémas classique et contemporain.

 
Le parcours du cinéaste et de son acteur fait également de The Artist une célébration des retrouvailles entre le divertissement populaire et l’art invoqué par le titre. Michel Hazanavicius débute à Canal+, où il écrit puis réalise, au début des années 1990, des sketches pour les Nuls. Comme tant d’autres, une gageure se pose à lui : comment transplanter ce savoir-faire télévisuel au cinéma ? Là où beaucoup se contentent de tout agrandir – la forme, les décors, les budgets –, il se distingue, posant le problème en termes de temps et non d’espace. Comment conjuguer la célérité d’un humour télévisuel qui cherche la connivence immédiate avec le rythme plus lent et serein du cinéma ? Premier élément de réponse : accuser le contraste. Tout d’abord, entre la classe des stars, des images américaines et des répliques potaches ou au second degré dans La Classe américaine (1993), remontage savoureux de scènes avec John Wayne, Paul Newman, tant d’autres encore… Puis entre le Dujardin familier – que les familles ont pu retrouver chaque jour à 19h50 pendant plusieurs années – et les monuments auxquels il s’attaque : le James Bond des années 1960 d’abord, Rudolph Valentino ensuite. Handicapé par sa francité exacerbée, l’« agent secret » doit à la fois s’adapter à des environnements étrangers (Le Caire, Rio) et à des codes cinématographiques très marqués (film d’espionnage, mélo) et éloignés dans le temps. Les décalages entre le jeu des acteurs et leurs modèles servent à l’évidence un plaisir parodique. Mais les films ne se réduisent pas à cette dimension : ils substituent bientôt aux contrastes une coexistence dynamique. Prononcées avec lenteur et aplomb, les plaisanteries douteuses d’OSS prennent un autre sens : un précepte machiste tel que « lorsque une femme change d’homme, elle change de coiffure » devient un message codé. Au regard distancié et souvent jouissif de la télé sur le cinéma succède une rencontre. La précision plastique d’OSS 117 : Le Caire, nid d’espions (2006), le soin apporté à des gags étirés jusqu’à l’épuisement, l’incroyable vista de Dujardin, l’art et la manière à la fois distingués et sauvages d’Hazanavicius l’ont ainsi imposé avec éclat, aux côtés de Pierre Salvadori ou d’Alain Guiraudie – dans un tout autre genre ! – comme l’un des très rares auteurs de comédies en France. Le charme s’est prolongé trois ans plus tard avec OSS 117 : Rio ne répond plus, et aujourd’hui avec The Artist. L’attachement, l’amour que le cinéaste porte au cinéma sont palpables : puisse cette belle programmation contribuer encore à les faire partager.
 

par Félix Rehm

OSS 117, LE CAIRE NID D’ESPIONS

OSS 117, RIO NE REPOND PLUS

THE ARTIST

AMOUR ET AMNéSIE

Mes chers amis

LA CHèVRE

NOS HéROS REUSSIRONT-ILS...

THE OFFICE

RIEN QUE POUR VOS CHEVEUX

LA SCANDALEUSE DE BERLIN

TEAM AMERICA : POLICE DU MONDE

VICTOR VICTORIA

une vie difficile