Chine . 2009. 1h47. VOSTF
à partir de la 2nde De Jia Zhang Ke
avec Joan Chen, Zhao Tao, Lu Liping
Documentaire / Fiction
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Chengdu, aujourd’hui. L’usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d’appartements de luxe : "24 City". Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes, leur histoire est l’Histoire de la Chine. « Film après film, pierre par pierre, Jia Zhangke est en train d’édifier une œuvre considérable. De Xia Wu, artisan pickpocket à Still Life, en passant par Platform (…) que du beau et de l’excellent. Après le bon Useless (donc un creux très relatif dans la Jia filmo), 24 City constitue un nouveau pic. 24 City, c’est un projet immobilier de résidences de luxe qui doit s’édifier sur le terrain d’un vieux complexe industriel en passe d’être démoli, changement hautement symbolique. Comme dans tous ses films, Jia Zhangke s’attache à observer les gigantesques mutations de son pays, qu’elles soient politiques, sociales, géographiques, topographiques, urbaines, mentales. 24 City prend la forme d’une série d’entretiens-portraits avec des gens de tous sexes et toutes générations liés de près ou de loin à cette transformation immobilière : ancien contremaître de l’usine, anciennes ouvrières, nouveau riche, etc. Chaque témoin capte l’attention par son épaisseur humaine et sa palette d’émotions, chaque récit documente un aspect particulier des bouleversements d’un pays et de ses conséquences sur ses citoyens. A un moment du film, on est frappé par la plastique avantageuse d’une ex-ouvrière qui souhaite ouvrir un institut de beauté. Puis par son histoire : elle qui séduisait tous les hommes de l’usine grâce à sa ressemblance avec l’actrice Joan Chen, elle a fini par ne pas se marier et se retrouve bien triste à 40 ans, seule et sans enfant. Au cours de son récit, on voit un extrait de mélo ancien avec Joan Chen qui confirme la ressemblance. Sauf que cette ouvrière s’avère être in fine un personnage vraiment joué par Joan Chen ! Vertige. Le facétieux Jia a mélangé personnes réelles et comédiens, sans que l’on soit capable de vraiment les distinguer en cours de visionnage. Le cinéaste prouve ainsi en actes que la frontière entre documentaire et fiction est bien mince et que les deux genres peuvent aboutir à une même vérité cinématographique, à une même puissance émotionnelle »
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